2018 – Terminus

Marie – Le matin, pas un bruit, pas un chant d’oiseau, rien.
Elise – Puis, une automobile, une autre, et soudain des pas, des silhouettes qu’on ne peut pas voir.
Kenza – Le régisseur a frappé les trois coups mais le rideau ne s’est pas levé.
Marie – Nous sommes un lundi, la ville remue derrière son écran de brouillard.
Clémence L – Les gens se rendent au travail comme les autres jours.
Maureen – Ils prennent le tram, l’autobus, puis rêvassent dans le grand froid.
Thomas – La plupart passeront leur matinée à bûcher, plongés dans ce grand mensonge décent du travail…
Lucile – … Avec ces petits gestes où se concentre une vérité muette, convenable, et où toute l’épopée de notre existence se résume en une pantomime diligente.
Elise-Marie – La journée s’écoulera ainsi, paisible, normale.
Aurélien – Et chacun fera la navette entre la maison et l’usine, entre le marché et la petite cour où l’on pend le linge…
Léa [ou Clarence] – …Puis, le soir, entre le bureau et le troquet, et enfin rentrera chez soi.
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Thomas – CAFE !
Thomas – Le café, pour l’amateur que je suis, c’est la clé du jour. Le café, pour le connaisseur que je suis, il faut se le préparer soi-même et ne pas se le faire servir. Car celui qui vous l’apporte y ajoute ses paroles, et le café du matin ne supporte pas le moindre mot.
Jade – Il est aube vierge et silencieuse. L’aube – mon aube – est étrangère à la moindre parole. L’odeur du café hait le moindre bruit, fût-ce un simple bonjour, et se gâte.
Nina – Le café, la première tasse de café, est le miroir de la main, de cette main qui tourne le breuvage. Ce café est déchiffrement du livre ouvert de l’âme, devin des secrets que le jour renferme.
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Ayana – Maxime, ce bus me rappelle le corbillard de mon pauvre mari.
Lucas – Ça fait six mois, ma tante… pour un kilomètre… il doit être arrivé.
Ayana – Si au moins j’avais assisté à son enterrement, j’aurais moins de remords. Ah ! j’ai hâte de voir où Pierre est enterré.
Lucas – Sans nous, la cérémonie a dû paraître bizarre, c’est sûr.
Ayana – Mon godelureau chéri, ce jour-là, tu m’as fait oublier l’heure, et maintenant je me sens coupable… Il y a comme un reproche qui vibre dans l’air autour de moi… en permanence… comme si l’air était son souffle, sa voix.
Lucas – Ça vous change de vos hallucinations amoureuses, je vous avais bien dit que je vous guérirais.
Ayana – Grâce à toi ce n’étaient pas des hallucinations mais des prémonitions… Et si mon mari était à l’arrêt du bus ?
Lucas – C’est un bus qui l’a écrabouillé : à mon avis, mort il doit éviter ce genre d’endroit.
Ayana – Mon Dieu, c’est vrai. Tu crois que… peut-être… et si nous étions justement dans celui qui l’a tué ?
Lucas – En tout cas vous avez voulu voir l’arrêt de l’accident, on y sera bientôt.
Ayana – Quel dommage que tu ne me fasses plus aussi bien oublier l’heure qu’il y a six mois.
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Thomas – IDEES RECUES !
Elodie – Arracher un cheveu blanc n’en fait pas repousser 10
Clarence – Les êtres humains n’utilisent pas que 10 % de leur cerveau. Même les collégiens.
Inès H. – Faire craquer ses articulations ne cause pas d’arthrite (mais ça énerve les profs).
Kenza – Les chiffres arabes ne sont pas d’origine arabe mais indienne.
Thomas – La théorie du Big Bang ne fournit pas une explication des origines de l’univers.
Marie – Les nuages ne sont pas constitués de vapeur, mais de minuscules gouttelettes d’eau.
Maureen – La Joconde n’est pas peinte sur une toile mais sur un panneau de bois.
Kenza – Frankenstein n’est pas le nom de la créature mais le nom du créateur du monstre.
Jade – La phrase « Élémentaire mon cher Watson » n’a été prononcée dans aucune des aventures de Sherlock Holmes.
Charleen – La phrase « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire » n’a pas été écrite par Voltaire
Elaïs – Le cor anglais n’est ni un cor ni anglais.
Léa [ou Lucile] – À aucun moment dans la Bible, il n’est dit que le fruit défendu est une pomme.
Aurélien – Molière et Shakespeare ont bien écrit eux-mêmes leurs pièces.
Nina – L’ingrédient secret du Coca-Cola n’est pas de la cocaïne.
Clémence R. – Il n’y a pas d’alligators dans les égouts de Paris, ni de pythons remontant par les canalisations des toilettes.
Kenza – Les migrants ne viennent pas en Europe pour voler nos femmes et notre travail.
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Nina – paroles japonaises.
Marie – Tu lis quoi ?
Kenza – On dit : quoi tu lis ? pas : tu lis quoi ? L’interrogatif se met devant.
Marie – Oïe oïe oïe, quelle casse-pieds tu fais.
Kenza – Si tu suivais les cours aussi.
Nina – paroles japonaises.
Elise-Marie – elle chante.
Marie – Alors, tu lis quoi ?
Nina – Mitskatu le chimpanzé chambellan.
Marie – C’est bien ?
Nina – C’est japonais… Y a des trucs, t’en prends plein la gueule.
Kenza – On dit pas «gueule», on dit : «t’en prends plein la face». On l’a vu la semaine dernière en cours de français.
Nina – Tu nous embêtes avec tes études.
Marie – Le français c’est quoi on parle. Le prof de l’année dernière il était vachement plus intéressant, il disait que toute langue évolue et que je faisais évoluer la langue.
Elise-Marie – elle chante.
Kenza – Tu la causes pas, tu peux pas la faire évoluer. Et lui c’était même pas un vrai prof; pas un des de la littérature il avait lu.
Nina – Et alors ?
Marie – Oui, j’vois pas le rapport.
Nina – C’est lui qui m’a fait connaître Mitskatu, un samedi après-midi.
Marie – Tu m’avais pas dit ça !
Nina – Y a des choses qui se disent pas, même aux copines.
Elise-Marie – elle chante.
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Ayana – Je viens de terres où je suis étranger,
De terres où je ne suis pas né,
Dont je ne parle pas la langue,
Et qui sont miennes,
Pourtant,
Parce qu’aimées.
Maureen – Je suis né d’un regard sur la Méditerranée,
Cette mer déchirée,
Qui fit toujours commerce de vases, d’huile, de vin,
D’esclaves,
De tout.
Nina – Et les mélanges, les musiques qui se mêlent,
Les miracles dans le mariage des formes,
L’aubergine et la tomate,
Les épices et le poisson grillé,
Sur les bords de la mer Égée comme à Tunis.
J’ai ses lumières en moi.
Thomas – Je me suis trompé. Aucune frontière n’est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi.
Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s’arracher la peau pour quitter son pays. Et qu’il n’y ait ni fils barbelés ni poste frontière n’y change rien.
J’ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l’on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes.
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Clarence – (Le jeune voleur fait les poches des statues) Pardon.
Charleen – (Le chauffeur) Je l’ai vu, moi… Je le connais. On fait la ligne ensemble depuis cinq mois… Mais je ne dirai rien; chacun ses affaires. Dommage d’ailleurs qu’il n’applique pas ce principe. Et puis quoi, je suis sensé regarder seulement la route… La route… quelle horreur… sans mes habitués pour me remonter le moral… eh mais fais gaffe, toi ! Ta droite !… sans eux, j’pourrais pas tenir… non… mais dès que l’un d’eux monte, le bus secoue deux fois moins, sa carcasse cesse de couiner, il se fait douceur, berceur… Naturellement nos amis ne se rendent compte de rien; c’est qu’ils ne savent pas qu’ils sont nos amis…
Marie – (à Aurélien, tendre) : Dis-moi quelque chose.
Aurélien – (content) : T’as vu les p’tites… Elles sont marrantes.
Marie – Quelque chose d’amoureux, quelque chose d’intelligent.
Aurélien – (sans émotion) J’aime tes yeux et tes mains et ta voix…
Marie – Mon godelureau chéri.
Charleen – … Hé là !… Roquet ! Je l’écraserais d’une roue… (Au public) Ah, je connais les histoires de quantité de gens… que je ne connais pas… Les p’tites, là, par exemple; des années que je les transbahute… des cas scolaires désespérés… mon fils était dans une classe de la même école, il me racontait, il m’a dit un jour : ce sont des filles sympa… Quand on connaît le niveau de ce petit con, il y a peu de chances de le voir apprécier des intellectuelles.
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Thomas [ou Kenza] – IDEES RECUES !
Maureen – Les Vikings ne portaient pas de casques à cornes.
Inès H. – Marie-Antoinette n’a jamais dit: « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! ».
Elise – Napoléon Bonaparte n’était pas petit.
Inès C. – Albert Einstein n’a jamais eu de difficultés en mathématiques à l’école.
Marie – Le père Noël en habit rouge n’a pas été créée par Coca-Cola.
Jade – Ajouter de l’huile aux pâtes lors de la cuisson ne les empêche pas de coller.
Clémence L. – La Grande Muraille de Chine n’est pas visible à l’œil nu de la Lune
Charleen – La lune n’a pas d’influence sur les insomnies, la repousse des cheveux, les accouchements, l’énervement, les crises d’épilepsie ni sur la pousse des légumes.
Elaïs – La couleur rouge ne rend pas les taureaux agressifs.
Lucile – La mémoire des poissons rouges n’est pas limitée à quelques secondes mais approximativement trois mois. C’est donc plus qu’un collégien.
Aurélien – Les chauves-souris ne s’accrochent pas dans les cheveux des femmes.
Jade – Les autruches n’enfouissent pas leur tête dans le sable pour se cacher des prédateurs.
Lucas – Les pingouins sont des oiseaux qui peuvent voler.
Clémence R. – La citronnelle ne fait pas fuir les moustiques.
Kenza – Les tournesols en fleur ne suivent pas le mouvement du soleil au cours de la journée.
Nina – Réveiller un somnambule n’est pas dangereux. Même un collégien.
Jade – Le sang est toujours de couleur rouge, jamais bleu, même lorsqu’il circule dans les veines des aristocrates.
Inès C. – Les cheveux et les ongles ne continuent pas à pousser après la mort.
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Elise – Je t’entends penser, chauffeur. Silence dans ta tête. Regarde la route.
Thomas – (Le chauffeur) J’aime mieux regarder la jeune Sunnie; eh eh, elle devient mignonne. On se développe.
Elise – Le chauffeur n’est pas convenable.
Inès H. – Quoi qu’il a encore pensé, le sale chauffeur ?
Elise – Il a de sales pensées.
Inès H. – Il a de sales pensées sur moi ?
Elise – T’es pas assez intellectuelle.
Inès H. – Y a un rapport ?
Inès C. – S’il m’est permis d’ajouter une pensée au pot commun, un chauffeur de bus devrait avoir un comportement éducatif envers les jeunes.
Thomas – Vous, faut prendre des taxis.
Elise – Oui, y manquerait plus qu’ça, qu’i se prenne à m’éduquer.
Inès H. – Moi j’apprends même des leçons de l’école.
Elise – Mais tu y comprends rien.
Inès H. – Ça fait rien, j’apprends quand même… Moi j’veux-t-être médecin.
Thomas – : Et toi Sunnie ?
Elise – Moi, professeur, parce qu’il faut être réaliste. Je crois qu’il est nécessaire d’z-avoir une considération objective de ses facultés.
Inès C. – Et vous pourrez atteindre le niveau ?
Elise – Je l’ai déjà… J’en sais autant que nos profs.
Inès H. – Ça c’est vrai. Madame Touque, elle dit souvent comme ça : Sunnie, remplacez-moi cinq minutes, je vais pisser.
Inès C. – Elle dit ça ?
Inès H. – Oui, et quand elle revient, au bout d’un quart d’heure – vingt minutes, elle dit : bravo, Sunnie, je n’aurais pas fait mieux.
Inès C. – Et vous la croyez ?
Thomas – : Oh, elles peuvent la croire. Elle a été prof de mon fils…
Lucas – D’ailleurs on voit bien que ces demoiselles sont déjà très évoluées.
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Elaïs – Rien ne me plaît,
dit le passager de l’autobus, ni la radio
ni les journaux du matin,
ni les fortins sur les collines.
J’ai envie de pleurer.
Elodie – Le conducteur dit : Attends le prochain arrêt
et pleure seul tout ton saoul.
Clémence L. – Une dame dit : Moi non plus. Moi non plus,
rien ne me plaît. J’ai guidé mon fils
jusqu’à ma tombe.
Elle lui a plu et il s’y est endormi
sans me dire adieu.
Clémence R. – L’universitaire dit : Moi non plus, rien
ne me plaît. J’ai fait des études d’archéologie mais
je n’ai pas trouvé mon identité dans les pierres.
Suis-je vraiment moi ?
Inès H. – Un soldat dit : Moi non plus. Moi non plus,
rien ne me plaît. J’assiège sans cesse un fantôme
qui m’assiège.
Elise – Le conducteur dit, énervé : Nous approchons
notre dernière station, préparez-vous
à descendre …
Elise-Marie – Mais ils crient :
Nous voulons l’après-dernière station,
roule !
Kenza – Quant à moi, je dis : Dépose-moi là. Comme eux,
rien ne me plaît,
mais je suis las de voyager.
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Lucas – C’est long…
Ayana – Très long …
Léa [ou Elaïs] – Trop long…
Lucile – Non ma Colombe, Maman ne sait pas pourquoi c’est aussi long… Laisse ce paquet de chewing gum… Ma Colombe … Maman te demande gentiment de laisser ce paquet de chewing gum sans sucre sans goût et mauvais pour les dents.
Lucas – Et la caissière … Mais elle fait quoi ? Pourquoi c’est si long ?
Ayana – C’est la loi de Murphy… La loi de Murphy énonce un principe simple … Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera nécessairement mal.
Charleen – Corollaire : C’est au pire moment que les choses tourneront mal. Mère Nature est une chienne. L’univers n’est pas indifférent à l’intelligence, il lui est activement hostile.
Ayana – Il est impossible de faire quoi que ce soit à l’épreuve des imbéciles : les imbéciles se montrent toujours si ingénieux !
Charleen – Chaque solution apporte de nouveaux problèmes.
Aurélien – La tartine tombe toujours du côté de la confiture…
Elaïs – Il pleut à chaque fois que vous venez de laver votre voiture.
Ayana – Tout ce qui est bon est mauvais pour votre santé.
Lucile – Ou alors c’est bien trop cher.
Aurélien – Sinon, ça n’est plus disponible, évidemment.
Elaïs – Si une fille est belle et disponible, c’est qu’elle n’est pas très intelligente.
Charleen – Si une fille est moche, mais prise, c’est qu’elle est très très intelligente.
Léa [ou personne]- Pas la peine d’espérer qu’une fille belle et intelligente soit disponible…
Charleen – Elaïs – L’autre file va toujours plus vite !
Lucile – Voilà… Ma Colombe… Mon Cœur … Si tu ne laisses pas ce paquet de chewing gum tranquille Maman va se mettre à pleurer…
Marie – Madame Josiane… La machine elle est en panne !
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Elodie – Minnie, elle lit tout le temps, je sais pas comment elle fait.
Elaïs – Elle se cultive sans arrêt.
Jade – (Le chauffeur) Tu parles, elle lit toujours la même chose.
Inès C. – Je t’entends penser, chauffeur. Tu diffames. C’est le soixante-troisième volume de Mitskatu que je lis.
Marie – Mais… n’est-ce pas un peu monotone ?
Inès C. – Mitskatu, voyez-vous, sait vaincre l’adversité par une absence de complexes et de principes totale. Souvent, quand j’ai un problème, je me dis : Que ferait Mitskatu ? Et je n’ai plus qu’à appliquer.
Jade – Les livres n’apportent que des déceptions…
Marie – Parfaitement exact.
Inès C. – Vous dites ça parce que vous êtes de vieux flemmards.
Jade – Espèce de gourdes !
Marie – Bravo !
Elaïs – Oh ! le sale chauffeur ! Il a insulté les mignonnes petites !
Lucas – (aux petites) : Notez que je me désolidarise de ces gens.
Marie – Godelureau, mon chéri !
Jade – Gourdes, gourdes et gourdes !
Elise-Marie – (levant son casque) : Qu’est-ce que vous chantez ?
Inès C. – C’est celui-là, il nous a insultées.
Elise-Marie – Salaud ! J’connais des gars moi, y viendront dans ton bus et y t’feront ta fête !
Elodie – Bravo Willie, faut se défendre.
Elaïs – Ta cervelle elle va gicler, sale chauffeur.
Marie – Godelureau, réponds-moi.
Inès C. – Mitskatu, il lui aurait déjà fait des dessins sur la figure au couteau, il aurait déjà du sang qui lui coulerait partout.
Elodie – Ouais ! Mitskatu.
Marie – Godelureau !
Lucas – Décidément ma tante, je crois qu’il nous faut rejoindre nos générations respectives. Ce furent un beau rêve et de bonnes nuits, mais l’amour m’appelle ailleurs aujourd’hui.
Marie – Tu n’as pas de morale. A quoi ça sert qu’on vous fasse donner de l’éducation ?
Jade – Mais à rien ! Ils sont tarés !
Lucas – Ce que vous pouvez m’énerver, ma tante !
Elaïs – Oui, elle énerve, la vieille.
Marie – J’ai encore le droit d’émettre une opinion !
Elodie – Pour ce qu’elle vaut…
Elaïs – Ouais…
Lucas – En effet.
Jade – Au paradis des gourdes, les godelureaux sont rois.
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Inès C. – Il n’est pas dans la dextérité mentale mais il a un charme fou.
Elise – Finalement, j’ai envie de confort. J’en ai marre de subir mes vêtements.
Clémence R. – Tu sais, le monde se divise en deux groupes : les ploucs et les gros ploucs.
Elodie – Je pourrais pas m’investir avec un mec qui porte des T-shirts à col V.
Clémence L. – Il ne faut jamais poser près d’une colonne. Tu veux pas être plus mince ou plus épais que la colonne.
Inès H. – Mais oui je mange. Je prends des vitamines C le matin.
Marie – Grosse c’est génial, t’as le visage qui gonfle et tu n’as plus de rides.
Lucile – C’est comme si elle avait la diarrhée des doigts tellement elle tweete.
Elaïs – Son père a des Warhol comme ton père a des chaussettes.
Clarence – Pour mes 40 ans on fait une fête dans une péniche et on la coule.
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Kenza – Quoi qu’il a encore jacté, le sale chauffeur ?
Jade – (Le chauffeur) Dégénérés.
Ayana – Je trouve ces jeunes bien intransigeantes.
Nina – (Le jeune voleur) S’il m’est permis d’interjeter une pensée parmi votre magma, il me semble que l’application simple de quelques principes de morale vous permettrait de vous comprendre les uns les autres… Voyez-vous, je me suis toujours intéressé de près aux affaires de mon prochain. Je condamne l’égoïsme. Et je suis un ardent partisan de l’entente cordiale… Par-delà les âges et les générations, par-delà les sexes et les situations, par-delà les cultures et les individualités, oui ! oeuvrons à l’amour !
Maureen – (à Elise-Marie) : C’est toi ou moi qu’il regarde ?
Elise-Marie – C’est sûrement moi.
Ayana – Vous ne voudriez pas prendre en charge une dame encore bien dont le godelureau est déserteur ?
Lucas – Ma tante ! Tenez-vous.
Jade – Moi, s’il faut, je peux me dévouer.
Kenza – Oh, le sale chauffeur ! Libidineux ! Satyre !
Nina – Le fait est que vos propos, chauffeur, ne relèvent pas de la morale professionnelle stricte que la société est en droit d’attendre de son personnel spécialisé.
Jade – Commence par ne plus piquer les portefeuilles avant de juger les autres.
Nina – Et maître-chanteur en plus ! Je vous adresse les félicitations d’un jeune homme qui a souffert, lui, dans la vie, qui a non seulement des excuses mais aussi des justifications…
Jade – Moi aussi, j’ai des excuses : je vois dans mon bus des femmes tous les jours et je ne sors avec aucune.
Ayana – L’argument n’est pas sans valeur.
Elise-Marie – Les vieux ça se plaint tout le temps.
Lucas – Surtout les vieilles… Et c’est insatiable. Une vraie plaie.
Jade – Quant aux jeunes, ils pourraient bien ne pas représenter une concurrence du fond de leur cellule.
Nina – C’est bas comme attaque. Vous n’aimez pas les jeunes, voilà. Vous vous vengez d’être vieux.
Ayana – Lamentable.
Jade – Ils n’ont pas plus de cervelle que des poulets, ils ne comprennent… Ah ! (crissement de pneus, choc.) Con de piéton… Ah merde, merde ! Encore un… Deux en six mois… Ça va faire des histoires.
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Thomas – Si jamais un jour tu nais
Ne crois pas que le monde se serrera autour de toi,
Pressé de voir ton visage,
Dans une agitation de grand festin.
Nina – N’imagine pas qu’on se bousculera,
Que chacun voudra te regarder, te prendre dans
ses bras, te recommander aux dieux.
Kenza – On t’a parlé des cris de joie qu’on pousse à la naissance d’un enfant,
On ta dit la liesse,
Les coups de feu tirés en l’air,
Les tambours,
La clameur des hommes qui fêtent la vie,
Jade – Oublie tout cela.
Si jamais un jour tu nais,
De joie, il n’y en aura pas,
Mais l’inquiétude sur le visage de tous,
Comme toujours, l’inquiétude –
Ta venue au monde ne fera naître que cela.
Kenza – Si jamais un jour nous naissons,
Nous le ferons en silence.
Et nos premières pensées indistinctes de nouveau-né seront pour nos morts.
Nous leur appartenons plus qu’au monde des vivants.
Maureen – Ce sont eux qui nous ont faits,
Eux qui nous ont susurré des chants de montagne lorsque nous ne savions pas encore parler.
Aurélien – Si jamais un jour nous naissons,
N’espère pas de baptême.
Les offrandes, les gestes sacrés, d’où veux-tu qu’ils viennent ?
Maureen – Qui veille sur nous depuis des siècles ?
Nos ennemis uniquement.
Seules les montagnes sont nos alliées depuis le début des temps.
Thomas – Mais Si jamais un jour nous naissons,
Tu sentiras l’évidence d’un accomplissement.
Les crimes que nous avons subis et ceux que nous avons commis s’éloigneront,
Laissant un ciel lavé.
Nina – Des villes naîtront qui ne seront plus des cimetières.
Des enfants qui n’auront plus, au fond des yeux, le voile des maudits.
Alors, il nous faudra décider de qui nous serons.
Aurélien – Nous regarderons nos mains et nous nous souviendrons qu’elles ont tué.
Nous regarderons nos pieds et nous nous souviendrons qu’ils ont saigné
– Nos fuites, si longtemps, étaient nos seuls voyages…
Jade – Si jamais un jour nous naissons,
Il nous faudra décider.
Kenza – Et prie alors pour que nous nous inspirions du ciel
Et que nous choisissions le grand banquet des étoiles,
Le multiple plutôt que l’unique.
La main plutôt que le poing.
Nous serons ce que nous avons toujours été : innombrables et libres.
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Elise-Marie – Cette maison avance grâce à la caféine et l’espoir des stagiaires.
Thomas – Elles vont encore toutes être en Valentino noir. C’est le retour des clonasses.
Elise-Marie – La lune est basse et énorme.
Clarence – Comme ton cul.
Elodie – Elle a quel âge ?
Nina – Impossible à dire. Elle fait des liftings pervers où le chirurgien laisse des vraies fausses rides.
Maureen – Dans mon téléphone, je l’ai enregistrée à Satan.
Inès C. – J’ai fait un burn out des yeux.
Léa [ou Ayana] – Je suis entré comme Assistant Scotch. Je scotchais les trucs. Maintenant, avec l’informatique on ne scotche plus et j’aurais pas fait carrière.
Clémence L. – Alors ce tissus ce sont des pois noirs mais sur fond noir.
Clémence R. – C’est noir donc.
Clémence L. – Oui si tu veux…
Kenza – La prochaine fois qu’elle dit « mon don c’est l’intuition », je l’assomme avec le livre de Guy Bourdin qu’elle pompe depuis 30 ans.
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Elise-Marie – J’vois personne par terre.
Inès C. – Forcément s’il est d’sous…
Elise – … sous le bus.
Elise-Marie – Tout cas, i s’plaint pas. C’est un bon gars.
Inès H. – ça pourrait être une fille.
Elise – Ah !… Il écraserait aussi les filles !
Aurélien – Je l’en empêcherai !
Elise – Vous vous empareriez du volant pour nous ?
Aurélien – Que vos lèvres semblent douces.
Charleen – (Le chauffeur) Alors, où est-il passé ?… Aïe aïe aïe, il m’a l’air bien plat… Voyons s’il bouge encore. (Il donne des coups de pied sous le bus, dans le corps.)
Kenza – (s’approchant) : Il a l’air bien fini, celui-là.
Charleen – Eh oui. Ça m’embête un peu.
Kenza – Pourquoi ?
Charleen – Mon contrat ne me donne droit qu’à un par an.
Clémence R. – Mais je vous reconnais. Le dernier c’était déjà vous !
Charleen – Je m’ennuie à passer ma vie à conduire des bus.
Kenza – Comme je vous comprends, moi je n’aimerais pas ça non plus.
Clémence R. – Il suffit de regarder la route, c’est tout.
Elaïs – Encore un jeune qui croyait bien nous enterrer. Le chauffeur l’a mis à plat.
Clémence R. – Il n’avait pas d’autorisation pour celui-ci, à ce qu’il dit.
Elaïs – Ah, c’est un supplément?
Kenza – Il est étourdi, c’est tout.
Clémence L. Qui est mort ?
Clémence R. – Il n’est peut-être pas mort.
Charleen – Je crains que si, je lui ai flanqué des coups de pied, il ne bouge pas.
Clémence L. Il faudrait vérifier.
Elaïs – Oui.
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Maureen – La stagiaire a un prénom trop ethnique qu’on n’arrive pas à prononcer donc on l’appelle Lala.
Lucas – Pour être aussi gentille, je pense qu’elle mange des chatons nouveau-nés au petit déjeûner.
Jade – Elle va manger au Flore. Ça lui donne l’impression de lire.
Inès H. – Il est au taquet. Avec lui 14-18 aurait duré deux ans.
Elodie – Je sais qu’il y a des gens qui meurent dans le monde, mais réglons un problème à la fois et commençons par tes cheveux.
Clémence L. – Tu peux passer un chewing-gum? J’ai une haleine automne hiver 1992.
Clémence R. – J’ai abusé sur le blanchiment, j’ai les dents luminescentes. Quand j’ouvre la bouche dans mon sommeil, ça réveille mon mec.
Kenza – J’ai trouvé un stage à mon fils à Milan. Il est revenu autobronzé et les sourcils épilés. Merci l’Italie.
Elise – Elle a le corps d’un guéridon Louis XV mais le langage d’une étagère Ikéa.
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Inès H. – Elle s’appelle Caroline.
Elise – Non Caroliine, avec deux i, je ne sais pas comment ça se prononce…
Elise-Marie – Elle est maquillée comme un compte de campagne UMP…
Inès C. – Oh mince elle vient vers nous oh non oh mince oh bonjour ma chérie tu vas bien ?
Lucile – Salut … Moi c’est Caroliine.
Inès H. – Elise – Elise-Marie – Salut.
Inès H. – Tu es nouvelle ? Moi c’est Beverley. Je suis aussi fiable qu’une connexion internet dans le métro.
Lucile – Oui, je suis nouvelle. J’arrive des States. Mon père est un grand homme d’affaires… Il a mis seulement ses initiales sur son interphone. Il croit qu’il est célèbre.
Elise – Moi c’est Audrey. Je ne dis que des conneries géniales. Quand je parle, il pleut du miel.
Elise-Marie – Moi c’est Gisèle. Quand je brainstorme j’oublie de mettre le couvercle sur le blender et ça éclabousse, c’est fantastique.
Inès C. – Moi c’est Isadora. Ma biographie tient en 4 émoticônes.
Inès H. – Et toi c’est quoi ton actualité ?
Lucile – Euh… Cool… Je venais vous inviter à notre pendaison de crémaillère demain soir. Le dress code pour le dîner c’est Pantone 1935. Et attention, solide Pantone. Uni.
Inès H. – C’est-à-dire ?
Lucile – Fuchsia foncé.
Elise – Ah ok… Et ton père, il a quoi comme entreprise au fait ?
Lucile – Du poulet… En batterie… Il a fait fortune dans le poulet … Il vit dans une autre dimension. Celle du 16 août à Paris. Il fout rien.
Elise – Dans l’assassinat de poulets tu veux dire !!!!!!!!
Elise-Marie – T’es pas vegan ?
Inès C. – T’es pas vegan ?
Lucile – Ah des « ni viande, ni cuir, ni lait… ». Je suis tombée chez des anarchistes…
Inès H. – Plus qu’un régime, le véganisme est un mode de vie.
Elise – C’est ce qu’il faut pour être a rich and famous foodistas aux États-Unis.
Inès C. – Plus de it bag. Plus de cachemire. Plus de doudoune en plumes d’oie. Et, évidemment, plus de burger ni de tartine au miel ou de tomate-mozza…
Lucile – Aujourd’hui on est déjà dans la version light, le « flexitarisme ». Je suis un real vegan avant 6 heures du soir. Après, plus du tout. Simple.
Inès H. – Elise – Elise-Marie – Inès C. – Quoi !
Lucile – Arrêtez de croire qu’on va vous valider. Soyez vous-même… Bon, demain soir ? 20h ?
Inès H. – Bien sûr, no problem. Stay tune !
Lucile – (Au téléphone) Je suis à la campagne. A Marmande. Countryside. Tout sent le cumin. Je te raconte pas la realness…
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Elise-Marie – Hé ! Quelqu’un pourrait venir nous aider ?
Lucile – Ça va pas ! je ne veux pas manquer le bus suivant, j’ai un rendez-vous important, moi.
Elodie – Je suis également indisponible, je regrette, mais vous savez, les affaires sont les affaires… Monsieur, peut-être ?
Maureen – Non.
Lucile – Pourquoi non ?
Maureen – Je n’aime pas les morts, c’est tout.
Elodie – Et suffisant.
Lucile – Oui.
Elaïs – Ça y est, ça va recommencer comme il y a six mois, on va rester là des heures sans même pouvoir le ranger dans le caniveau.
Jade – On ferait bien de prévenir la police, comme la dernière fois.
Kenza – Pour ce que ça a donné.
Elise-Marie – Flics ou pas, le mort n’en sera pas moins mort; et ils vont nous embêter.
Elaïs – Mais est-il mort ?
Jade – On en revient toujours là.
Nina – (Le jeune voleur) Bon sang ! Je vais le tirer de là, moi. Pauvre type. (Il le fait.)
Clémence R. – Bravo !
Clémence L. – Un vrai Mitskatu.
Nina – Voilà.
Elise-Marie – Pas mal, ce jeune.
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Nina – Non mais sa peau est orange. Elle s’en rend pas compte ? Son miroir n’a pas de couleurs ?
Jade – L’écouter parler c’est comme essayer de lire un scénario dont on a enlevé des pages au hasard.
Marie – Souris mais avec les yeux. Avec les dents c’est quiche.
Elaïs – Elle est chef maroquinerie. Cet hiver elle a eu un congé maladie d’un mois. Je pense que c’est mille crocodiles qui ont été épargnés.
Elodie – Ma coiffure est bien mais dès l’atterrissage au Liban elle sera horrible. Beyrouth est le pire truc qui puisse arriver à des cheveux.
Jade – Elle croit en Dieu mais c’est pas réciproque.
Clémence R. – Tu dis pas gris tu dis un voile de mystère s’étend sur la collection et ses silhouettes diaphanes, sensuelles et mélancoliques. Tu dis pas orange tu dis carnation de l’aurore. Tu dis pas noir tu dis contour de minuit nébuleux.
Nina – Je ne bois pas d’alcool. Que du champagne. Ou de l’eau, à la limite.
Elodie – J’avais tellement faim j’ai oublié d’instagrammer mon repas.
Clémence L. – J’arrive ! Donne-moi une heure que je mette mon visage.
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Thomas – Je vois cette foule de jeunes filles suppliantes… Puissent-elles, ces étrangères, ne pas être une cause de ruine pour nous, et puisse une guerre inattendue ne pas sortir de ceci. Certes, notre ville n’en a pas besoin.
Ayana – Que Thémis, Déesse des suppliants, fille de Zeus qui dispense les biens, regarde ma fuite innocente ! Et toi, vieillard, apprends ceci de plus jeunes que toi : Si tu respectes un suppliant, tu ne manqueras de rien, car la volonté des Dieux accepte les offrandes sacrées d’un homme pieux.
Thomas – S’il y a manque d’hospitalité, toute la ville en est responsable, et c’est au peuple tout entier à s’en inquiéter, afin d’échapper à l’expiation. Pour moi, je ne vous ferai aucune promesse, mais je délibérerai sur ceci avec tous les citoyens.
Lucile – Tu es la ville, tu es le peuple, tu es le Prytane souverain qui commandes à l’autel et au foyer. Tu es seul dans ta volonté, tu es assis seul sur le trône où tu régis toutes choses. Crains seul tout le mal.
Thomas – Qu’il retombe sur mes ennemis ! Je ne puis vous venir en aide sans danger, et il est inhumain de mépriser vos prières. Mon esprit est plein de doutes et de craintes et je ne sais ce qu’il faut faire ou ne pas faire.
Elise – La colère de Zeus, protecteur des suppliants, suit les plaintes vaines des malheureux à qui on refuse la justice qui leur est due
Thomas – Mais si les fils d’Aigyptos affirment que, étant du même sang, vous êtes sous leur main, qui les réfutera ?
Inès H. – Que je ne sois jamais soumise à ces hommes ! Plutôt fuir sous les astres, à travers les mers, ces noces odieuses ! Mais tu prendras la Justice pour compagne, et tu jugeras ainsi que le veut la majesté des Dieux.
Thomas – La cause n’est pas facile à juger. Ne me prends pas pour juge. Je te l’ai dit déjà, même si j’en avais le pouvoir, je ne déciderais rien sans le peuple, de peur qu’il me dise un jour, si quelque malheur arrivait : – Pour avoir honoré des étrangères, tu as perdu ta ville.
Inès C. – Zeus pèse ma cause et dispense le châtiment aux mauvais et la justice aux bons. Puisque tout est encore en suspens, pourquoi ne fais-tu pas ce qui est juste ?
Thomas – Il me faut descendre dans une profonde réflexion, afin que tout se concilie heureusement, sans danger pour la ville et pour moi-même, et sans attirer la guerre et la vengeance.
Elodie – Aie ce souci et sois pour nous, comme il est juste, un protecteur bon et miséricordieux. Ne me perds pas, fugitive, chassée de la terre natale par une violence impie.
Kenza – Ne souffre pas que je sois arrachée, à tes yeux, des autels de tant de Dieux, telle qu’une proie. Ô toi qui possèdes toute la puissance sur cette terre, songe à l’insolence de ces hommes et préserve-moi de leur colère.
Marie – Ne souffre pas que, suppliante, je sois arrachée des images des Dieux contre tout droit et toute justice.
Thomas – Je le pense aussi. Tout se réduit à cela. Avec les Dieux ou avec les persécuteurs de ces femmes, c’est une guerre terrible de toute nécessité. Nulle fin à tout ceci sans tourment. Certes, je voudrais être délivré de cette guerre. J’aime mieux ignorer les maux que les éprouver. Puisse, contre mon espérance, ceci avoir une heureuse fin !
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Elise-Marie – Si on le regardait ?
Charleen – (Le chauffeur) Oh non, je n’aurais pas la force. Qu’on le pousse plutôt tout de suite dans son caniveau.
Kenza – Il faut quand même savoir qui c’est, ce type.
Charleen – Personne ne pense à moi et à ma peine.
Kenza – (Au jeune voleur) Eh vous, si vous le regardiez ?
Clarence – (regardant le mort) : C’est quelqu’un que je ne connais pas.
Elise-Marie – Et moi, est-ce que je le connais ?
Marie – Il a la tête de n’être connu de personne.
Ayana – Mais !… mais… George ! George !… C’est George… C’est mon mari !
Elise – Avant de le réclamer, vous pourriez au moins attendre qu’il soit bien mort.
Aurélien – Voyons, ma tante, votre mari est déjà mort il y a six mois, il ne peut pas suffire pour tous les accidents de bus.
Charleen – Bien sûr, il en faut un nouveau à chaque fois.
Ayana – (à Aurélien) : Mais regarde, regarde !
Aurélien – Tiens.. ah oui… mon oncle !… Eh bien, au moins, vous n’aurez plus de remords de ne pas être allée à son enterrement la dernière fois.
Ayana – Ça m’ôte un grand poids.
Kenza – Elle va pouvoir se rattraper.
Charleen – Grâce à moi.
Thomas – On ne sait toujours pas s’il est vraiment mort.
Nina – Je le trouve moins écrabouillé qu’il y a six mois.
Clarence – Voyons les vieux, doucement, il y a une veuve ici.
Nina – Et alors ?
Ayana – Eh bien, je souffre.
Kenza – Vous avez déjà eu six mois pour le pleurer, vous n’allez pas en plus venir nous faire votre cinéma.
Aurélien – Justement non, elle n’a pas eu le temps.
Elise-Marie – Pourquoi ?
Elise – Qu’est-ce qu’elle a fait ?
Ayana – Je me consolais avec Godelureau… Mais je suis bien décidée à suivre les funérailles.
Léa [ou Inés C.] – Sale journée.
Lucas – (Le mort) Je suis bien de votre avis.